Sunday, November 13, 2005

Louterion

LOUTERION

The following is a short article (in French of course) about the louterion, written as an annexe to my DEA thesis. I thought it might be a useful addition to the site at this stage as several have been found on Greek and Roman shipwrecks.


Le mot louterion désigne le plus souvent une vasque sur pied haut : aussi bien celles des sanctuaires que celles qui servaient aux seules opérations de propreté[1]. Des vasques sur pieds se trouvaient à l’entrée des sanctuaires ou près de l’autel, et jouaient un grand rôle dans la vie religieuse. Un grand nombre d’exemplaire a été trouvé dans les maisons, les édifices publics et des sanctuaires un peu partout en Grèce, et dédié à différents dieux. A Epidaure la majorité des vasques trouvée est dédiée à Asclépios. La plupart de louteria trouvés sur Acropole d’Athènes furent dédiées à Athéna, mais un exemplaire trouvé près de l’Erectheion fut dédié à Poséidon Erecqei. Grâce à des représentations de la céramique nous avons une idée précise de l’utilisation des ces louteria. Les représentations de la figure rouge attique nous apprennent beaucoup sur les différents usages de ces vasques dans le bain. Il semble qu’on remplissait la vasque à la main. Nous avons des représentations des femmes se lavant simplement les mains mais la plus souvent nous voyons des personnages nus. Nous pouvons ainsi déduire que la vasque était utilisée pour le bain complet aussi[2]. Les sources littéraires témoignent de l’importance d’être dans un état de propreté corporel avant de prier. Plusieurs textes soulignent l’importance qu’attachaient les Grecs à avoir des mains propres avant de prier. Certaines eaux sont spécialement aptes à purifier : les eaux courantes, et la mer…et l’eau de pluie semblent venir de Zeus. ‘Polycrate, suspendu dans les airs, subit tout ce qu’annonçait le songe de sa fille, lavé par Zeus lorsqu’il pleuvait…’[3]. L’eau de la mer est la purification par excellence ; car elle est incorruptible comme est dit dans Eschyle[4]. Parfois on ajoutait du sel aux eaux lustrales afin de les rendre plus purificatrices.
Démosthène nous montre comment un criminel est interdit aux eaux lustrales : ‘…Dracon a voulu prévenir par l’intimidation et par la menace la succession des homicides. Il interdit donc au meurtrier l’eau lustrale, les libations, les cratères, les lieux sacrés, l’agora…’[5]. Nous voyons les hommes se lavant les mains avant de prier dans l’Iliade : ‘il (Achille) soulève le couvercle d’un beau coffre ouvragé, que Thétis aux pieds d’argent a, pour qu’il l’emporte, déposé dans sa nef et rempli, comme il le faut, de tuniques, manteaux qui protègent des vents, tapis laineux. Une coupe façonnée est là ; aucun mortel n’y boit le vin aux sombres feux, et lui-même n’y fait de libation à aucun dieu, si ce n’est pas Zeus Père. Il la sort du coffre, la purifie d’abord avec du soufre, puis la lave à belle eau courante ; ensuite il se lave lui-même les mains…’[6]. Priam prie à Zeus Père…’Ainsi dit le vieillard, et il presse l’esclave intendante de lui verser de l’eau pure sur les mains. L’esclave s’approche, ayant dans les mains de basin et l’aiguière. Dès qu’il s’est lavé, il reçoit la coupe des mains de sa femme. Alors debout au milieu de l’enclos, il prie…’[7].
D’après Arrien, aucun navire ne quittait port sans avoir des cérémonies religieuses[8]. Thucydide nous décrit des sacrifices avant le départ des navires de guerres ‘Lorsque l’embarquement fut achevé et que l’on eut chargé tout le matériel prévu pour l’expédition, la trompette sonna pour commander le silence. Les prières habituelles avant l’appareillage furent récitées, non pas sur chaque navire séparément, mais sur toute la flotte à unisson sous la conduite d’un hérault. Dans toute l’armée, on remplissait des cratères…’[9].D’après Tzetes, il était habituel de verser l’eau utilisée la cérémonie dans la mer: ‘it was customary, when setting out on a voyage, to pour into the sea during the sacrifice the water that has been used for the ceremonial washing’[10]. Il peut être comparé à un sacrifice dans lequel on plongeait une coupe remplie d’offrandes dans la mer au moment du départ du bateau[11].
Nous avons également quelques exemples de prières effectuées lors des voyages, ce qui suggère que les marins apportaient des louteria avec eux ; D’abord Hérodote nous décrit une scène de tempête pendant les opérations contre Xerxès où les marins sacrifient à Borée et Orithyie. ‘…sur les bateaux qui guettaient l’ennemi à Chalcis en Eubée, dès qu’ils sentirent le tempête approcher ou même avant ils sacrifièrent à Borée et Orithyie et les conjurent de les secourir…’[12]. Et plus tard quand la tempête cesse ; ‘A cette nouvelle les Grecs offrirent des prières et des libations à Poséidon Sauveur…’[13].

[1] Pausanias X, 26, 9
[2] Ginouvés, Balaneutiké Recherches sur le bain dans l’Antiquité grecque, p.96, Paris, 1962.
[3] Hérodote, L’Enquete III, 125.
[4] Eschyle, Perse, 578.
[5] Demosthène, Contre Leptine, 158.
[6] Iliade, XVI, 230, voir aussi Iliade, IX, 174.
[7] Iliade, XXIV, 303-305.
[8] Arrian, Kynegetikos, 53, 2.
[9] Thucydide, VI, 32.
[10] Tzetes, Exegetes ad Iliam I, 314.
[11] Polemon, Fragm, 3 Tresp.
[12] Hérodote, L’Enquete, VII, 189.
[13] Hérodote, L’Enquete, VII, 191.

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